Silvanus (Claudius Silvanus) général pour Rome v. 350-355
Sylvain, en latin Flavius Silvanus ou plus vraisemblablement Claudius Silvanus, né en Gaule dans les années 310 ou 320, assassiné à Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Germanie inférieure) le 7 septembre 355, était un usurpateur romain d'ascendance franque. Général de Constance II, il usurpa le pouvoir en Gaule pendant un mois en 355.
Origines et carrière
Selon l'historien Ammien Marcellin, Silvanus était fils de Bonitus, chef franc qui servit Constantin Ier contre Licinius. Il s'agirait donc d'un émigré germanique de seconde génération, semble-t-il d'éducation romaine. Sa mère était d'origine incertaine, une devineresse franque selon Michel Rouche, une aristocrate romaine originaire de Campanie selon Jean-Pierre Joly, peut-être une parente de Marcus Ulpius Silvanus Gennadus. Pour Jean-Pierre Joly, qui l'appelle « Cludio Silvanus », son premier nom, germanique, était « hypocoristique d'un nom bâti avec un premier radical Hlud- ». Quant à « Silvanus », il lui venait peut-être du général qui commandait à Cologne sous le règne de Gallien en 258-260.
Tribun de la schola des armaturae (tribunus scholae armaturarum) en Gaule, une unité de la garde lourdement armée (celle des instructeurs), il abandonna l'armée de l'usurpateur Magnence avec ses cavaliers quelques jours avant la bataille de Mursa (septembre 351) pour prendre le parti de Constance II, contribuant ainsi à la victoire de ce dernier. Ce ralliement favorisa sa carrière et celle de son fils, qui apparaissait comme un fidèle soutien du trône impérial.
À partir de 352-353, Silvanus acquit la dignité de comes et remplit les fonctions de magister peditum et equitem per Gallias (maître de l'infanterie et de la cavalerie en Gaule). Incapable de rétablir l'ordre en Gaule du Nord, Constance II s'était résolu à le nommer maître de la milice en Gaule, alors qu'il n'avait guère dépassé la trentaine (il est qualifié d'adulescentior — « encore assez jeune » — en 353)5. À la tête de 8 000 auxiliaires, il passa par Augustodunum en 354, dégagea Augusta Treverorum, menacée par les Alamans de Chnodomar et installa à Cologne son quartier général.
Procès et usurpation
En 355, alors qu'il combattait les Francs sur le Rhin, il fut victime d'une cabale d'officiers. À l'instigation de plusieurs personnalités, entre autres un collègue jaloux — le maître de cavalerie Flavius Arbitio (également d'origine franque) — et le préfet du prétoire des Gaules Caius Caeionius Volusianus Lampadius, Dynamius, un personnage de basse extraction (il s'occupait, selon Ammien Marcellin, des bêtes de somme de l'empereur), falsifia des lettres signées de Silvanus invitant à un complot pour usurper le trône impérial, et les présentèrent à Milan à l'empereur Constance II.
Un groupe d'aristocrates, composé majoritairement d'officiers de rang inférieur, francs ou d'origine franque, mais aussi de potentes originaires de Campanie prirent sa défense et réclamèrent l'ouverture d'une enquête. Parmi eux, deux officiers francs, Malarichus, tribun commandant une unité de la garde, les Tribaux (Gentiles Franci), et Mallaubaude, successeur de Silvanus au poste de tribun des scholes, se proposèrent d'établir l'innocence de Silvanus, l'un se constituant otage tandis que l'autre partait pour ramener Silvanus à Rome, afin qu'il puisse se défendre.
Après diverses machinations, les faussaires furent confondus, mais Silvanus, affolé et mal informé, craignant d'être condamné pour traîtrise, se fit proclamer Auguste (sous le nom d'Imperator Caesar Claudius Silvanus Augustus16) à Colonia Claudia Ara Agrippinensium par ses soldats le 11 août 355 (selon Ammien Marcellin), quatre jours après le paiement de leurs arriérés.
Assassinat
Une petite délégation partie de Milan, commandée par Ursicin et comprenant Ammien Marcellin, se rendit à Colonia Claudia Ara Agrippinensium, fit semblant de rendre hommage à Silvanus et suscita son assassinat en soudoyant quelques soldats — des Brachiales et des Carnutes appartenant aux troupes auxiliaires. Attaqué dans son palais, le matin, alors qu'il se rendait à la messe par une bande de rebelles qui massacrèrent sa garde du corps, Silvanus fut arraché de la chapelle chrétienne où il s'était réfugié en toute hâte et massacré.
Parmi les fidèles de Silvanus, Ammien Marcellin signale Proculus, son assistant privé (domesticus Siluanus), Pœménius, vraisemblablement un ami Franc (qui avait été choisi par ses compatriotes pour défendre la plèbe quand les Trévires fermèrent les portes de leur cité au frère de Magnence, le César Décentius), et les comtes Asclépiodote, Lutto et Maudio, les deux derniers d'origine franque. Ils furent torturés et exécutés avec d'autres de ses partisans.
Né dans les années 340, son fils serait resté en disgrâce jusque dans les années 370, quand l'empereur, entreprenant de lutter contre les Alamans, accorda son pardon.
Postérité
Le César Julien, qui reprit peu après l'administration de la Gaule, affirma dans le panégyrique qu'il dédia à l'empereur que celui-ci épargna les proches et le jeune fils de Silvanus. Néanmoins, Ammien Marcellin rapporta la mise à la torture de l'appariteur de Silvanus, qui y résista et innocenta Silvanus de tout complot, et l'exécution de plusieurs personnages importants.
L'historien Eutrope cite brièvement sa révolte en Gaule entre la chute de Magnence et la nomination de Julien comme César, sur moins de trente jours.
Flavius Arbitio accéda au consulat en 355 et accapara une partie des biens de Silvanus. De son côté, Volusianus Lampadius devint préfet de la ville de Rome en 365.
Paul Petit voit dans ce tragique épisode un indice des tensions entre les militaires occidentaux et les fonctionnaires civils de la cour impériale à Milan. De leur côté, Héloïse Harmoy Durofil et Lellia Cracco Ruggini y voient un exemple de solidarité et de jalousies ethniques : on compte un officier d'origine franque, Flavius Arbitio, jaloux de ses succès militaires qui lui valent la faveur impériale, et un aristocrate romain, Caius Caeionius Volusianus Lampadius, parmi ceux qui le dénoncent ; et, si un groupe d'officiers inférieurs francs ou d'origine franque le soutient, il trouve également un appui au sein de l'aristocratie romaine d'origine campanienne, liée peut-être à ses origines maternelles.